Du 28 juin au 21 septembre, une nouvelle expo photo s’installe au plan d’eau !
Prendre Forme*
*Making Shapes
En tant qu’artiste et architecte irlandaise, l’invitation à réaliser un travail sur l’enfance et la jeunesse à Cournon-d’Auvergne a d’emblée doublement suscité mon intérêt. Je n’avais jamais travaillé spécifiquement avec des enfants auparavant, mais en tant qu’architecte, j’ai souvent été fascinée par la façon dont ils utilisent l’espace.
Bien que les bâtiments qui leur sont destinés soient généralement pensés pour contenir et diriger leurs mouvements, les enfants trouvent constamment des façons inattendues de se positionner dans un lieu et de jouer avec les réalités qu’ils rencontrent.
Les infrastructures de la jeunesse sont généralement conçues autour d’activités, mais ce sont souvent les espaces intermédiaires qui deviennent le théâtre des souvenirs d’enfance : le trottoir devant la maison de vos amis, la lisière du parc, le couloir entre les salles de cours, le parking, le vestiaire, ou tout autre espace du quotidien qui se voit transformé par l’énergie et l’imagination des protagonistes.
Au fil de la réalisation de mes travaux à Cournon-d’Auvergne, j’ai été frappée par le pragmatisme de nombreux espaces pour les enfants. Ces lieux m’ont rappelé les travaux des architectes Robert Venturi et Denise Scott Brown, qui étudiaient les vertus d’une architecture ouverte, plutôt que prescriptive. À l’instar des hangars célébrés par le couple Venturi Scott Brown, les bâtiments que j’ai documentés à Cournon-d’Auvergne sont souvent de grands espaces polyvalents, des structures élémentaires réalisées avec la technologie des systèmes de construction industriels ou agricoles. Leur spaciosité et leur largesse pour de nombreux types d’utilisation rendent ces lieux infiniment modulables et fréquemment utilisés de manière surprenante par les jeunes, alors qu’ils maîtrisent peu à peu de nouvelles compétences, grâce à la pratique et à l’expérimentation.À Cournon-d’Auvergne, les accomplissements de la jeunesse trouvent un écho dans les travaux de développement de la ville, qui s’étend et réagit aux nouvelles technologies et aux nouvelles ambitions. Si le caractère physique des travaux de construction est généralement visible, les efforts mis en œuvre par les enfants et adolescents sont souvent moins immédiatement perceptibles. Cependant, je vois dans les étapes complexes de transition des chantiers et dans la croissance des individus une sorte de parallèle : le futur s’imagine et se construit à travers l’effort physique et la transformation.
Aisling McCoy
Les origines de l’exposition
Aisling McCoy découvre la ville de Cournon-d’Auvergne dans l’effervescence du mois de septembre 2023. C’est le début d’une résidence photographique de 6 semaines, sur le thème de l’enfance et de la jeunesse.
L’artiste prend ses marques, sillonne la ville à vélo, découvre les lieux-clés qui seront la toile de fond de ses photographies. Au fil des rencontres, elle explore les lieux de la jeunesse et observe la façon dont les protagonistes, enfants et adolescents, investissent leur environnement.
Chaque étape du développement d’un enfant arrive avec l’accès à de nouveaux espaces et représente un nouveau niveau d’autonomie. La photographe-architecte examine avec un regard à la fois délicat, graphique et documentaire, les parallèles entre les changements architecturaux de la ville et les changements se manifestant dans l’enfance.
Chaque étape du travail photographique arrive, elle aussi, avec l’accès pour l’artiste à de nouveaux espaces, à de nouveaux possibles qui façonnent son regard et déterminent la forme finale de son œuvre.
Avec Prendre forme (Making Shapes), Aisling McCoy nous propose l’observation de ce qui, peu à peu, prend corps sous nos yeux sans que nous nous y arrêtions forcément. Les formes évoquées dans le titre de l’exposition sont celles qui – architecturales, humaines et artistiques – cohabitent, se confondent et s’affirment, dans l’œil de l’artiste comme dans celui du regardeur.
L’artiste
Architecte de formation et diplômée d’un MFA (Master of Fine Arts) en photographie à la Belfast School of Art – Ulster University, l’artiste irlandaise Aisling McCoy s’intéresse à la façon dont les deux disciplines – architecture et photographie – se rejoignent, inextricablement liées au monde réel et au monde idéal. Les travaux de la photographe, régulièrement exposés à l’international et récompensés par de nombreux prix, nous invitent à interroger la façon dont nous habitons l’espace, et dont nous vivons et apprécions le monde qui nous entoure.
[EN] Making Shapes / Prendre Forme
As an Irish artist and an architect the invitation to make work about childhood and youth in Cournon d’Auvergne was doubly interesting to me. I’d never worked specifically with young people before, but I’d often been fascinated by how they use space. Despite the fact that buildings for children are usually designed to contain and manage their movement, young people regularly find completely unforeseen ways of being in, and playing with, the places they encounter.
The infrastructure of youth is generally designed around activities, but often it’s the in-between spaces that become the backgrounds to childhood memories; the curb in front of your friends house, the edges of the park, the corridor between classes, the car-park, the dressing room, everyday spaces that are transformed through exuberance and imagination. While making the work in Cournon I was struck by the pragmatism of many of the children’s spaces. They reminded me of the work of architectural heroes of mine, Robert Venturi and Denise Scott Brown, who investigated the virtues of an open rather than a prescriptive architecture. Like the “sheds” that Venturi Scott Brown celebrated, many of the buildings I encountered were large multi-use spaces- structures made with the technology of industrial or agricultural building systems. Their spaciousness and generosity towards many types of use means that they’re infinitely inhabitable and often used in extraordinary ways by young people, as they master new skills through practice and experimentation.
In Cournon this “work” by young people is echoed in the development works of the town, as it expands and reacts to new technologies and ambitions. While the physicality of building works is usually visible, the work of children is often less immediately apparent, but the messy transitional stages of building and the growing body have a kind of parallel. In both the spaces of infrastructure and the work of the young people of Cournon, the future is being imagined and constructed through physical effort and transformation.